LÉTHÉ
LÉTHÉ
Il m’a fallu beaucoup de courage et une volonté sortie de mon caractère de fer, pour me convaincre de l’inutilité de mes efforts, et cesser d’essayer de ressusciter les valeurs d’un passé glorieux.
J’ai compris que j’avais perdu un temps précieux inutilement, en dépensant mon énergie, piétinant sur mes belles années de jeunesse en gardant de l’espoir das la France et dans son « accueil artistique » dès qu’ils me reconnurent comme « héritière de l’École de Paris, et la seule disciple qui laissa le peintre Hernán Gazmuri ,les portes se fermeront hermétiquement, il fut de même avec ma création littéraire et avec mon doctorat.
J’avais finalement compris que le mépris de la France serait définitif.
Il y a eu un effondrement sociétal, il y a eu une transgression volontaire, il y a eu une invasion qui a pollué tout, absolument tout, devant une terre polluée que peut faire un individu tout seul ? Rien, si cet être humain est une femme, le dilemme est encore plus grave, parce qu’une femme doit d’abord penser à préserver son intégrité, si elle est seule, elle est contrainte à déployer encore plus de moyens de protection et pour assurer sa survie, la rigueur d’une conduite intransigeante vis-à-vis des dangers extérieurs, est de mise.
Autour d’une femme seule tout le monde est aux aguets, pour profiter, détecter sa supposée faiblesse et le « féminisme » aidant qui n’est une supercherie, violée d’abord par les femmes elles-mêmes qui dès qu’elles obtiennent un peu de pouvoir sont les premières à agir en bourreaux de son propre genre. Et, les hommes, la plupart faibles et efféminés, se cachent sous les jeans de leurs collègues, donc il reste quasiment personne avec qui se lier pour établir des relations professionnelles, artistiques ou autres. Les pires sont celles qui par obligation sociétale, personne ne peut esquiver, ce sont les fonctionnaires de l’administration. Ah ! Cette « classe sociale spéciale française, elle est l’enfer sur terre, ceci, je ne l’ai connu que quand le ministère m’avait appauvrie, jamais avant, avant de faire la connaissance de ce ministère dans lequel j’étais entrée par simple ignorance, dans « le milieu le plus médiocre de la France : l’Éducation Nationale, là commença ma perte. C’est mon directeur de recherches qui m’avait suivi et aidé dans les deux travaux universitaires de recherche, qui m‘a dit « Florence, tout ce qui vous arrive n’est que le fruit d’être entrée dans le milieu le plus médiocre que nous avons en France : l’Éducation nationale, fuyez-la, partez ! »
Mais c’était déjà trop tard, j’avais Maman avec moi, et quand bien même, j’avais ses lettres de recommandation et tous les contacts de sa part pour aller soutenir ma thèse en Espagne, il aurait fallu m’y installer, je manquais d’argent pour mettre en place une telle prouesse. Celle qui m’a permis de venir en « mission artistique » en France pour que ma mère fasse la « Donation Gazmuri » ,je l’ai faite grâce aux revenus que mon père me laissa, j’avais le statut de « touriste », une deuxième Croisade, le destin me l’avait refusée.
Appauvrie de manière « irréversible » selon « les français » et âgée, nulle échappatoire que « mentale ».
Il y a des femmes politiques qui sont âgées d’une année de plus que moi, et veulent se présenter, candidater pour le poste de Présidentes de la République ! Si je fais le compte, parce qu’en France tout est « COMPTABILITÉ », si maintenant, elles ont 72 ans faites le compte, quel âge auront-elles en 2027 ? 74 ans ! Et quand elles finiront le mandat ? 79 ans !!!!! Ce n’est pas pour rigoler !
Donc en 2027, j’aurais ma Licence de Russe, elle sera la réussite de ma vie, la vraie, celle que j’envisage qui n’a rien à voir avec des prétentions de pouvoir, j’abhorre le pouvoir quel qu’il soit, ce n’est pas mon genre Il faut savoir qu’étudier une langue s’est le fait d’obtenir une métamorphose identitaire complète, changer d’identité c’est s’approprier d’un ensemble de tout ce qui est « un pays », nous n’allons pas décrire en quoi cela consiste, ce que veut dire changer de langue, de culture, d’identité ; George Steiner qui maîtrisait plusieurs langues, dit dans un de ses essais qu’il changeait même sa manière de marcher quand il changeait de langue et de pays.
Personne ne peut imaginer combien est salutaire pour l’esprit d’apprendre une autre langue et non de manière superficielle, celle que tout monde pratique et qui croit que pour le fait de s’asseoir dans les salles de cours et de faire le minimum, le contrat est réussi, pour ma part, j’oublie tout, et quand bien même, on commence comme un enfant, et suivant les règles qui s’imposent, les mêmes qui sont valides pour tout apprentissage soit-il musical, littéraire, pictural, le fameux répéter, répéter et répéter, enferme en soi la clé de notre réussite, elle sera indélébile, parce qu’au cours des jours et des mois, le miracle se sera produit, et là, nous, finalement détachés de ces trois années difficiles qui nous ont mis ontologiquement et physiquement à rude épreuve, nous pouvons finalement nous regarder dans un miroir, une nouvelle personne est née quand elle finit un parcours d’enseignement qui n’est qu’un long chemin de métamorphose.
Voici mon parcours vers Léthé que je viens de commencer.
Je vous oublie, c’est ma réponse aussi invisible et silencieuse que celle que vous m’avez donnée quarante-trois années durant ; votre réponse d’indifférence sadique vis-à-vis de tous mes travaux fut« l’Invisibilité », maintenant je vous réponds avec celle qui m’a sauvée de sombrer.
Vous pouvez vous la garder, votre « Invisibilité »offrez-la à d’autres, peut-être dans votre recherche, vous trouverez d’autres « Cibles », j’en doute, vous ne trouverez pas une autre idiote aussi naïve que moi, je l’étais !
Je suis déjà ailleurs, si loin d’ici, en train d’entamer mon parcours aquatique dans le fleuve aidée par la déesse LÉTHÉ…
Carmen Florence Gazmuri Cherniak
NADEZHDA
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