CARMEN FLORENCE GAZMURI-CHERNIAK

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REQUIEM À MAMAN II – MAMAN DIS-MOI, DIEU EST AVEC TOI ?

16 octobre, 2025 (13:34) | Non classé

 

 

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                       RÉQUIEM À MAMAN

                                                                 2013-2025

 

 

  « La mort révèle l’amour, c’est l’inconsolable qui pleure l’irremplaçable »

                                            Vladimir JANKÉLÉVITCH

 

                                       « La patrie est là où l’on nous aime »

                                                 Mikhaïl LERMONTOV

I

Maman,

Ici-bas, je survis et je ne me laisse pas abattre.

Le néant dont parlent les philosophes, je l’ai vécu le 18 octobre 2013

Ce néant ne fut pas l’élucubration de la pensée qui se complait

À faire des phrases sophistiques pour parloter

Sur les articulations de l’inconnu

Sans le vivre ni le connaitre dans l’ici et maintenant.

Quand par cinq spasmes respiratoires

qui ont fait sauter ton corps squelettique du lit dur et froid

De cet hôpital du 20 de Paris.

Je ne comprenais pas

Que c’était la Mort qui t’arrachait de moi…

Tes yeux avec un regard d’épouvante

Les miens effrayés, obligés à te regarder pour la dernière fois.

Non, je ne le croyais pas

J’ai vu, senti et touché le néant

Un vide blanchâtre m’aspirait

Un vide blanchâtre qui insondable m’obligeait à tomber

Et à le suivre.

La lutte contre le Néant

m’échappait

Ton corps exsangue

Tes bras pendants

je t’ai fermé tes yeux

Je t’embrassais désespérée d’horreur

Sans me détacher de toi

J’aurais voulu

Qu’on m’enferme dans le même cercueil avec toi

Un binôme

Toitures les deux  jamais séparées

D’avant la naissance jusqu’à la même tombe.

  II

Tes yeux d’un regard qui ne changeait jamais

De son éternelle lumière de pure tendresse

Tes yeux qui ne me regarderaient plus jamais

avec ton océan de tendresse

De mère belle et sublime

J’ai toujours dit comme tout le monde

Que tu étais d’une beauté sublime

Les gens disaient de toi :

« Votre mère est d ‘une beauté émouvante »

III

Elles m’ont dit

Qu’embrassée à toi

J’ai hurlé

Pleuré

Pendant une heure sans arrêt.

Je n’ai plus de larmes

Depuis, je ne pleure plus jamais

Rien ne me fait pleurer.

Elles me laissèrent pleurer attachée à toi plus d’une heure

Sans arrêt

Dans l’hôpital, c’est moi qui a dû courir annoncer ta mort

C’était un vendredi à 12.50

Dans un instant tout le personnel s’est sauvé de l’étage

Comme des rats

Effrayées de voir

Que leur projet diabolique

Avait eu son effet.

Ta Mort atroce

Par « Le Sicaire «  avait été si bien programmée

avait donné son résultat

Elles laissèrent vide instantanément l’étage

Et allèrent se cacher comme des rats.

IV

Jusqu’à ce qu’une petite aide-soignante voilée

Arriva avec une tasse de thé

Et m’a dit :

« Je sais ce que vous devez supporter ici… »

« Je sais tout ce que vous devez subir dans cet hôpital « 

Pour me dire  ensuite qu’on allait t’enlever

et que devait boire parce que j’étais déshydratée

Je ne voulais pas

Elle m’a dit :

Vous ne pouvez-pas rester comme ça

On vous a laissé pleurer. »

À la porte hermétique fermée

De la chambre de la douleur

Où toutes seules toi et moi, Maman

Étions enfermées sans personne

Dans la chambre de la douleur

Tu te nécrosais  à vif

De l’intérieur vers l’extérieur

Moi, je devenais une autre femme

Ma voie sans toi serait jusqu’à ma mort

une route gelée et escarpée.

Ils avaient programmé

sous les ordres du « Docteur Traître-Tant »

Une agonie terrible sans sédatifs

Sans sédatifs

San personne médicale

Qui ne te vienne en aide

Pour soulager ton agonie atroce

L’indicible douleur

Consommait toi corps

Ton âme

Ton clavecin bien tempéré

Ne briserait plus jamais le silence qui t’attendait

Tes modulations du contrepoint

Comme personne ne l’a jamais joué.

Et, la Mort dans ses griffes

T’arrachait de moi

Elle nous soumettait toutes les deux

dans la même terrible douleur.

V

« Une grande force vous sera nécessaire.

Vous devez vous occuper seule de l’enterrement… »

Je suis rentrée pour la première fois de ma vie

Seule

dans « Le Taudis »

De retour pour la première fois, je rentrais seule

Et toutes tes affaires étaient là

Elles attendaient tout retour

Je suis rentrée seule

Ils t’emmenèrent à l’horreur

C’est ce qu’ils appellent

« La chambre froide »

Je suis rentrée seule dans une chambre vide

Je me cognais contre les meubles…

La douleur m’obligea à me cogner contre les murs

Car je ne comprenais pas

Je ne le croyais pas.

Mais la vérité est que je le savais très bien

Qu’une nouvelle vie m’attendait

C’est pourquoi

Le corps s’exprime

Se cogne

Se frappe

Contre tout ce qu’il trouve à son passage

Les yeux inondés de pleurs

Les hurlements crient le refus de la mort.

Parce que nous le savons bien

Que c’est l’irréversible

Dans l’ici-bas l’insondable mystère de l’horreur se dévoile

Ce que la pensée se refuse de croire

Le mot jamais prend toute sa place.

Programmer ton enterrement fut l’expérience de la seconde étape de l’horreur.

Si notre pharmacien ne m’avait pas fait le prêt

J’aurais succombé

Je suis arrivée vers lui en pleurs

Je ne veux pas m’humilier devant personne

Je lui ai dit

Je n’ai pas d’argent…

Il a sorti sa carte bleue et m’a fait un prêt instantanément

Il a appelé les pompes funèbres et il m’a payé l’enterrement

J’ai dû aussi compléter et vendre mon violon

Mon professeur de violon a fait les arrangements

pour que notre luthier le prenne

avec la ferme promesse que j’irais le récupérer.

Dès qu’ils viendraient

À mon secours des jours meilleurs.

Mais Maman,

Tu sais qu’en France

Pour ta fille

Il n’y a jamais eu,

il n’y a pas

Et, il n’y aura jamais « des jours meilleurs »

Parce que la méchanceté et plus forte que la bonté.

La jalousie est plus puissante que l’humilité.

Le sadisme ne laisse pas d’espace

À l’accueil de celui qui ne fait pas de mal à personne.

VI

L’argent est en France intimement liée à la Mort

J’ai dû payer un enterrement « low cost »

La mairie de Paris a inventé la modalité en anglais

Il paraît que l’ignominie passe mieux avec un accent étranger

Cercueil de la pire qualité

Et pour les pauvres

Non, dans notre cas « pour celle qui appauvries de force par la France

Tu ne méritais que

Le pire des emplacements au fond du cimeterre

Là-bas très loin, en pleine terre

Tu  le sais, moi, je le sais, set au Chili aussi, ils savent

que nous n’avons jamais été « pauvres »

Mais la France, elle est heureuse

De nous avoir distribué une nouvelle « classe sociale »

À laquelle nous n’avons jamais appartenues

Ah ! la France se complait avec sadisme

De rabaisser

d’humilier

De  vouloir arracher

jusqu’au dernier vestige de nos vertus

Une fois qu’elle a accompli son œuvre de tout détruire

Elle, ils, elles  observent avec leur perspective ruineuse

Les effets dévastateurs de son œuvre de destruction

Je les observe  me regarder d’un clin d’œil

leurs yeux débordants  de jalousie

Un rictus serré dans le coin de leurs gueules morbides

Elles savent que nos vertus

Restèrent intactes

Parfaitement sauvegardées

En repli dans les caisses vides d’argent

Hermétiques aux attaques

nous sauvegardâmes notre dignité

faisant face silencieusement

À la grandiose lâcheté française

D’une administration morbide.

VI

Une grande fosse ouverte de terre fangeuse

T’attendait

J’étais seule avec le corbillard

J’étais sortie de la chambre ou une pièce mortuaire où tu étais enveloppée avec un linceul comme je l’avais demandé.

Cercueil ouvert

Il m’ fut encore impossible

De ne pas hurler et de ne pas pleurer

Jusqu’à ce que le corbillard me demande :

« Arrêtez-vous s’il vous plaît, vos pleurs sont déchirants »

Allez,  venez, il faut y aller »

Je suis montée dans le corbillard assise à côté de ton cercueil.

En arrivant au plus loin du cimetière

Dans l’emplacement que cette France destine au « pauvres »

Mais nous n’étions pas pauvres

Mais la France a voulu me rabaisser !

Elle a triomphé

Les médiocres de l’enseignement

Les directeurs  et directrices de la peinture parisienne

Oh ! Mais  quelle joie ils doivent se partager !

Une grande fosse ouverte t’attendait

Un monticule de terre fangeuse

Était à côté de cette fosse noire humide et froide

Moi qui te choisissais pour toi le meilleur

Le lit le plus chaud et doux

Les draps le plus blanc et immaculés

La nourriture la plus exquise

Pour que tu ne saches jamais combien m’était difficile

d’arriver à maintenir en vie notre foyer

Je te disais : « Maman, tu ne t’occupes de rien

Ça, c’est mon problème »

Une fois que les fossoyeurs descendirent ton petit cercueil

J’ai su que ma vie était terminée et pour toujours

Mes hurlements déchirèrent l’espace…

J’étais seule…

Tu ne pourrais plus t’approcher pour me consoler

Des petits chagrins de jeune

Le corbillard

S’approche de moi et me dit :

« Madame, ne pleurez plus, s’il vous plaît !

Votre Maman est avec Dieu maintenant. »

Maman

Dieu est avec toi?

Cins années passèrent

J’ai dû te changer de cimetière

Vers un autre décent

Où j’ai acheté une concession « perpétuelle »

Pour nous deux

Mais je n’ai pu payer que pour dix ans

En attendant « des jours meilleurs »

Et j’ai construit deux caveaux

Et j’ai dû acheter

Trois cercueils

Trois exhumations

Et trois inhumations

Le dernier cercueil est sarcophage.

Programmant dès le début

Échapper à la France

Quoi ne veut pas de nous

Mais ni l’argent ni la fuite n’ont pas été possibles

Et les sauvages me menacent découvrir ta tombe

Pour débuter une seconde horreur

Le sacrilège de violation de ta tombe et de ton cercueil

Mais les sauvages assermentés en totale impunité

Parce que je n’ai pas l’argent qui me reste à payer

Et tous se réjouissent

Ils m’observent

Avec une distance parfaite

Pour obtenir

La meilleure perspective

Et m’observer comment je vais faire pour sauver ton cercueil.

Dis Maman

Est-ce que Dieu est avec toi ?

 

 

Carmen Florence GAZMURI-CHERNIAK

NADEZHDA

 

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