CARMEN FLORENCE GAZMURI-CHERNIAK

 

 

UNE MANIF

 

 

POUR ARRÊTER LA HAINE ?

 

 

 

 

Chers Lecteurs,

Rien ne devrait m’étonner des directives politiques de ce monde d’ici-bas, cependant au regard de cette nouvelle demande faite par les plus hautes autorités m’a laissée perplexe. Demander aux citoyens de se présenter à l’agora pour stopper l ‘antisémitisme », disons le clair et fort, il est d’une superficialité accablante.

Cela ne servira que pour donner un sujet de plus aux journalistes, lesquels, répéteront à l’infini les mêmes théories, mis à part les vidéos et la comptabilité qui les suivront, il sera indubitablement un sujet superficiel de plus à commenter pendant des heures. Combien étaient-ils ? Qui était présent et qui absent ? Les discussions que le suivront lendemain seront diverses et d’une ampleur indéniable.

Quelques souvenances de jeunesse…

En 1989, j’ai obtenu ma nationalité française, date où j’ai cessé de travailler comme prof d’espagnol dans le privé pour m’inscrire au sein de l’Éducation Nationale, la plus grave et stupide des erreurs que je n’ai jamais commises.

L’effroi que j’eus dès que j’ai connu la mafia de cette institution aurait dû m’indiquer que je devais la fuir, mais la force et l’espoir de la jeunesse m’a fait croire que nous pouvions intervenir par le moyen de la parole et des manifestations pour que les conditions néfastes de travail et de statut pour nous, professeurs contractuels, puissent changer… Vaine illusion, trente-cinq années se sont écoulées et la situation de l’Éducation Nationale n’a fait qu’empirer et ce ministère ne changera jamais, parce que dirigé de fond en comble par des mafias qui surveillent pour que rien ne change ad vitam aeternam.

Les plus jeunes ne sont pas dupes comme notre génération de jadis, et à présent, au lieu de travailler comme professeurs, payés par des salaires de misère, ils choisissent les métiers modernes et ne se laissent plus esclavagiser.

Ô combien de fois je suis allée aux manifestations avec mes collègues et pris la parole à la Bourse du Travail, notre lieu de rencontre ; parce que j’étais choisie pour ma force de conviction et don de la parole ; de quoi nous a-t-il servi tant de travail en commun, nos manifs à répétition et prise de parole au sein de la cité? J’étais une militante active dans « Le collectif de non-titulaires », peu après le mouvement s’est dispersé, et dissout, anéantis par la force meurtrière de ce ministère rempli d’incapables, sadiques et envieux.

Nous restâmes méprisés, mal payés, toujours en train de nous laisser manipuler en dépit de nos diplômes français, mérites personnels et une vie entière consacré à l’étude.

La comparaison est valable pour tout ordre de situations, parce que les valeurs à défendre sont toujours les mêmes : lutter contre les injustices ; dans la société sont multiples, et ce qui donne l’expérience ne peut pas être rejeté, aucune manifestation ne peut ni ne pourra jamais stopper la guerre, les injustices et moins encore la haine, elle est la récolte contemporaine mondiale d’une injustice politique majeure que personne ne veut admettre ; tout comme l’injustice abyssale de l’Éducation Nationale, que d’une main invisible massacre sans pitié, sourde et aveugle aux manifestations et en ignorant volontairement les efforts professionnels d’une vie entière des pauvres professeurs.

Les chercheurs, les experts auront des milliers de livres à éditer et des milliers d’émissions leur seront offertes dans les médias ; soyez certains que de vos manifestations de rue, une fois rentrés chez vous, il ne restera même pas l’écho de vos voix indignées et si la marche se fait en silence, les effets d’un silence pareil à la mort qui nous entoure, ne seront que le résultat de sa grandiose inefficacité.

Carmen Florence Gazmuri Cherniak

NADEZHDA