LETTRE OUVERTE A MONSIEUR BERTRAND SCHOLLER
LETTRE OUVERTE A
MONSIEUR BERTRAND SCHOLLER
« Quand quelqu’un fait quelque chose de bien pour la société, elle se chargera pour qu’il ne le fasse pas une seconde fois »
GOETHE
Cher Monsieur,
C’est dans ma navigation virtuelle que je fais quotidiennement, à défaut de pouvoir entreprendre un voyage par les océans que j’aime tant, je navigue sur Internet à la recherche des nouvelles que la presse de notre cher pays nous interdit ; puisque nous sommes dans un pays de dictature invisible. C’est ainsi que je vous ai trouvé et suis restée stupéfaite à la lecture de vos publications, la vérité est que j’en ai été ravie !
Étant une nouvelle lectrice, j’ai ressenti d’une part le remords de ne vous avoir trouvé que si tardivement et d’autre part, j’eus la ferme intention de vous lire davantage. Je tiens à vous dire ce que je pense de vos publications et de votre situation dans laquelle ces administrateurs vous ont placé d’une si violente et injuste manière. Oui, vous le décrivez très bien, c’est cauchemardesque.
Votre détention, mise en garde à vue et le long interrogatoire dont vous avez été pris comme « La Cible », sont une honte pour la France, une injustice concernant les droits de l’homme le plus élémentaires et pour en finir,la plus incontournable « preuve en l’espèce » d’une gouvernance politique qui s’est obstinée méticuleusement dans la transformation de la France à leur image dans tous les domaines de la cité.
La contradiction la plus flagrante avec ce slogan, liberté, égalité, fraternité qui est devenue une litanie et que les administrateurs, les « fonctionnaires de l’Interdit » (G.M.) ont mis en vigueur, plaçant la France dans la catégorie la plus basse d’une déliquescence spirituelle. Abominable. Il faut faire vraiment attention avec l’usage des mots, celui-ci, « spirituel » est devenu un mot subversif tout comme la pratique de l’ironie qu’ils essaient de passer sous silence nous faisant croire qu’ils sont assez stupides pour ignorer ce que le mot l’ironie veut dire. Il serait opportun de leur enseigner que Vladimir Jankélévitch a dit que « l’ironie est la défense des faibles », et vous en tant qu’écrivain éclairé, par cette période funeste, vous ne pouvez que soulever de l’indignation parce qu’ils se voient totalement démasques, mis à nu.
Il ne doit pas être agréable une telle sensation quand on appartient aux mafias bien organisées. Que cet abus se passe au sommet de l’État me semble ahurissant, nonobstant, nous devrions être habitués, combien d’années dure-t-elle cette mascarade ?
Tous ceux qui font de gargarismes avec la liberté d’expression et qui menacent et contrôlent, à la seule lecture des écrivains critiques qui ne font que se servir de leur talent et de l’usage des mots pour éveiller les consciences des citoyens, nous devons leur signaler devant la cité, comme de dévergondés fonctionnaires qui devraient se taire définitivement.
Vous avez évoqué deux sujets qui sont des motifs de critique sociétale que j’affectionne tout particulièrement et que pour être le centre de mes intérêts actuels, vos commentaires ont attiré toute mon attention. Je ne prendrai que deux.
• La cérémonie carnavalesque d’ouverture de Notre Dame de Paris, pour moi, c’est fut une honteuse réunion dans une piste de danse aux lumières éclatantes.
(Je mets de précautions pour la nommer cérémonie carnavalesque, parce que je fais référence à ma chère Venise où le carnaval est une fête radieuse où l’esprit de Vivaldi rayonne, mais il n’y a pas d’autre mot plus pertinent)
C’est fut un horrible carnaval de pacotille, où le religieux était absent et nous avons regardé un défilé de mode et des starlettes vieillissantes remplacèrent l’esprit de recueillement dans la joie que j’attendais, ce qui aurait dû être une fête religieuse exaltée, « ils » la transformèrent en cirque et dans un piètre spectacle mondain de la plus profonde bassesse esthétique.
• Votre commentaire sur le génocide à Gaza, me semble d’une pertinence percutante, votre observation est tellement adroite que j’ai lu l’écho parfait à mes réflexions depuis tant des fois écrites dans ce blog.
• Je vous cite :
• « Ainsi, le génocide à Gaza est une réingénierie humaine, un cataclysme pour les âmes survivantes des fléaux passés. On nous force à regarder un massacre de masse, un nettoyage ethnique « casher » en direct. Les images qui circulent ressemblent à celles des films sniff, avec une inversion perverse des émotions autorisées. On nous demande d’aimer le boucher et de détester la victime innocente, uniquement parce qu’elle existe et n’a plus le droit d’exister.
Nous sommes tous devenus « faibles », quand bien même notre force reste intacte. Vous, par la parole, vous leur faites face avec viril courage, nous leur faisons face avec conviction, avec la certitude de justes qui aiment la vérité et la justice.
Elle est et elle reste l’unique manière de préserver cette invisible et merveilleux pouvoir subversif qu’est la parole écrite parce qu’éternelle et indélébile.
Avant de fermer cette lettre ouverte, permettez-moi, je vous prie de me prendre la liberté de vous dire ceci, c’est la conviction d’une artiste invisible, je vous le dis avec toute la force de mes convictions d’autogestionnaire qui ne cède jamais aux injustices ni dans mes combats personnels ni dans mes combats collectifs : vous n’êtes pas seul, ne dites plus jamais cela. Vos mots sont une « auto lapidation » vous déclarez :
« C’est ma réalité, et depuis, j’ai compris à quel point je suis seul, « terriblement seul ».
Ne leur faites pas plaisir, car c’est une appréciation d’une improbable fin du combat.
Vous déclarez « être seul et accompagné d’une poignée de gens –une congrégation de damnés loyaux, mais TRÈS prudents et donc discrets-qui réalisent que nous sommes tous sur le même navire en perdition. Et que sans action collective, il n’y aura pas de salut, seulement le grand plongeon ».
Vous avez été pris en détention, pour simples Tweets. Vous dites que vous serez jugé comme si vous étiez un délinquant.
Et, qu’un procès vous attend.
Si le procès est public, nous, lecteurs sans défense, farouches aimants de la liberté et de la justice, nous serons là, présents pour vous soutenir. C’est un devoir humaniste, c’est une question d’honneur.
On n’abandonne pas un écrivain quand « il fait quelque chose de bien pour la société ». Pour contredire la sentence de Goethe, nous serons présents !
Nous autres, lecteurs et auteurs inconnus, nous avons un devoir et une responsabilité au sein de la société, auprès de vous.
Nous serons présents, nous vous donnons notre appui.
Croient-ils que nous faisons croire à une improbable faiblesse ?
Nous allons leur dire qu’ils se trompent.
Vous n’êtes pas seul.
Croyez à notre soutien, c’est le soutien pour la liberté de parole, pour l’authenticité d’un esprit libre.
Avec toute mon admiration.
Carmen Florence Gazmuri Cherniak