LE RÉPERTOIRE D’UN MUSICIEN
LE RÉPERTOIRE D’UN MUSICIEN
Chers Lecteurs,
Il n’y a rien de plus gênant que lire les admirateurs des musiciens et aussi les critiques qui tombent dans la même erreur d’analyse, ils écrivent des « commentaires » en applaudissant sans retenue tout ce qu’ils jouent, il faut savoir que chacun a son esprit, ses compétences d’interprétation qui doivent guider le choix de leur « répertoire », une fois qu’ils sont déjà sortis de l’étape des concours, modalité mondiale de cette époque.
J’admire une énorme quantité des musiciens, ne pas les aimer tous serait comme pour une personne des lettres n’aimer qu’un seul écrivain, il serait aussi une idée obtuse et démentielle pour une peintre de ne choisir qu’une palette monochrome.
La même stupidité est pratiquée par « les artistes « qui se jalousent entre eux, ou les peintres qui paniquent à la vue d’autres qui vivent et peignent dans cette planète terre.
J’ai toujours pensé le contraire, parce qu’éduquée par mes parents artistes, c’est dans la diversité qui se trouve la valeur et que tous les vrais et bons artistes ont de la valeur, il est impossible de choisir un seul. Parfois les pianistes choisissent l’enregistrement des musiciens qui ne sont pas pour eux.
Daniil Tifonov est un virtuose pour le répertoire romantique, non pour Bach.
De tous les pianistes qui entrent dans l’esprit de Bach, je reste avec Sviatoslav Richter et ma mère.
Mon choix est fait.
Maman aurait dû bénéficier d’une bourse pour aller en Russie quand elle était jeune, c’était le désespoir de mon père, la sortir du Chili, mais ils n’arrivèrent jamais à décoller de ce trou de médiocrité, quand je lui ai acheté le piano ici, elle était déjà trop âgée.
La vie, le destin est fait à l’envers, pauvre créature mutilée à vie, quand papa est mort, elle est devenue folle ce qui l’a fait réagir comme jamais, elle l’avait eu une réaction que ne lui ressemblait pas, mais je la comprends, sa vie était finie, elle le ressentait ainsi et elle avait le droit de penser que sa vie de pianiste sans mon père était finie à tout jamais.
Elle a vendu le piano de concert, déchiré toutes ses partitions, enregistrements et critiques. Une amie m’a demandé et tu ne l’as pas empêchée ? Non, la raison, je l’ignore, je crois que nous étions folles de chagrin toutes les deux.
Sa vie était le piano, elle m’a confessé : « Tu sais ma petite, dans ma vie, je n’eus que trois amours, le piano, ton père et toi »
Et moi, dans ma vie, je n’eus aussi que deux amours : mes parents.
Et seulement après la peinture la littérature et la musique.
Carmen Florence Gazmuri-Cherniak
NADEZHDA
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